BETTERAVE SUCRIÈRE

IDENTIFICATION DE CULTURE

Nom Commun    : Beta vulgaris

Famille                 : Chenopodiaceae

Genre                   : Beta

AIRE DE CULTURE

Au Maroc, la betterave à sucre est une culture d’automne semée en Octobre, Novembre et récoltée en Juin, Juillet. Elle est cultivée sous deux types de climat différents :

-Sub-humide : Gharb, Loukkos, Tanger et Tétouan.

-Semi-aride : Tadla, Doukkala, Moulouya et Haouz.

EXIGENCES PEDO-CLIMATIQUES

Température

La betterave à sucre a besoin de 2400 à 2600 degrés jours pour accomplir son cycle. La germination débute aux environs de 5°C et augmente à peu prés linéairement jusqu’à 28°C et puis diminue. Les basses températures affectent la morphologie des feuilles et entraînent une diminution de la surface foliaire et du poids final. Les températures maximales les plus favorables à la croissance sont comprises entre 20°C et 28°C. Les températures élevées, par contre favorisent davantage la transpiration que la photosynthèse et entraînent par la suite la chute du poids (matière sèche totale) et la teneur en sucre. Au Maroc, les températures estivales élevées constituent le facteur le plus limitant du rendement sur pied de la betterave et imposent les dates limites de récolte.

Par ailleurs et quand la betterave est au stade 6 feuilles, l’action d’une basse température (5°C) pendant au moins 30 jours peut induire une montée à graine. La plante ayant subi un effet vernalisation développe une hampe florale au lieu de développer la racine qui reste fibreuse et ne grossit pas, ce qui affecte le poids des pieds de betterave.

Lumière

La betterave sucrière requiert une luminosité dont l’intensité est relativement élevée. Le poids et la quantité du sucre doublent quasiment lorsque la durée du jour passe de 8 à 10-14 heures/jour. Aussi, les intensités lumineuses élevées augmentent la surface foliaire et le rendement sucre. L’utilisation de l’énergie lumineuse est dépendante des caractéristiques du feuillage de la durée et de la phase culturale dans l’année. Plus le feuillage est dressé, mieux est l’interception de la lumière.

Typr de Sol

Les sols favorables sont des sols à texture fine, homogène et sans cailloux, car des obstacles au niveau du profil entrainent le développement de betteraves fourchues. Des sols sensibles au tassement présentent le même inconvénient. Un pourcentage de limon élevé peut entraîner un phénomène de battance entraînant une mauvaise germination ou une mort au démariage. Le pouvoir de rétention en eau est spécialement important pour la culture en sec. Le pH doit être compris entre 6,5 et 7,5.

LE MATERIEL VEGETAL

Il existe trois types de variétés de la betterave sucrière :

Type Z à cycle court avec rendement en racines faible par rapport aux autres types de variétés : Adonis, Amira, Arosa, Atlantis, Cresus, Elvis, Fox, Helena, Henrike, Jacana, Kevin, Koala, Liza, Lysandra, Maravedi, Motor, Nemeton et Partition.

Type N présente une richesse saccharine moyenne, rendement moyen et un cycle moyen : Anemona, Antek, Ardan, Atair, Avia, Beretta, Bersea, Betasuc, Bingo, Bolide, Brigita, Britney, Candimax, Canyon, Caracal, Centaure,

Chopin, Clavier, Colibri, Indigo, Molly.

Type E présente un cycle long, une richesse en sucre faible et un rendement racine élevé : Virtus, Verdi, Symbol, Solarion, Rosagold, Pepite, Monmedia, Lord, Lennika, Laetitia, Klaxon, Divona, Casino, calixta.

INSTALLATION DE CULTURE

Préparation du sol

Les travaux de préparation du sol ont pour objectifs fondamentaux, d’une part de réussir une germination et une émergence rapide et régulière des graines, et d’autre part de permettre un enracinement profond. Ils doivent donc aboutir à une bonne structure superficielle tout en conservant la structure profonde réalisée par le labour. Ces travaux doivent être raisonnés dès la récolte du précèdent tout en recherchant des façons culturales soignées et un lit de semences bien nivelé. Ceci exige un choix judicieux des outils de préparation du sol et que chaque intervention soit réalisée dans des conditions de sol optimales.

Date de labour

Dans le cas des périmètres betteraviers du Maroc, les labours précoces, juste après la récolte, sont à conseiller dans la mesure où les sols sont encore humides et faciles à travailler. La reprise de ces labours en automne est d’autant plus aisée que le sol aura été sujet à une forte activité structurale liée aux effets climatiques (Fragmentation des mottes).

Intérêt de la pré-irrigation

Lorsqu’il n’est pas possible de procéder à un labour précoce, la pré-irrigation offre un intérêt majeur dans la préparation du sol et représente une pratique qu’il faut encourager, notamment dans les sols secs. En effet, celle-ci permettra les avantages suivants:

Faire germer les semences d'adventices,
Faciliter la reprise des terres avec notamment une économie d'énergie et une usure moindre des outils.

Le labour

La racine pivotante de la betterave exige une structure homogène. En conditions normales (pas de semelle de labour, terre non dégradée), le labour profond se fait sur une grande profondeur d’environ 25 à 35 cm afin de faciliter la croissance sans déformation des racines. En effet, la betterave est très sensible à la qualité de la structure des horizons profonds du sol. Les tassements ont pour conséquence une moindre prospection racinaire et une difficulté de croissance de la plante située dans la zone compactée. Le pivotement de la betterave est par ailleurs sensible aux hétérogénéités de structure, donc aux alternances de zones fragmentées et de zones plus massives qui entraînent l’apparition de racines fourchues.

Densité

En ce qui concerne le semis, celui-ci est réalisé soit manuellement ou mécaniquement par des semoirs de précision équipés d’éléments semeurs à des interlignes de 50 à 60 cm et à des espacements entre graines variant entre 16 et 20 cm.

OPERATIONS CULTURALES

Les façons culturales essentielles sont :

Préparation du lit de semences.
Semis à plat, sur billons ou sur planches.
Désherbage: Sarclage mécanique, sarclage à traction animale, sarclage manuel avec la houe ou collecte manuelle des adventices.
Lutte contre les ravageurs, maladies et les mauvaises herbes.
Irrigations fertilisations régulières.
Arrachage des betteraves.

FERTILISATION

La betterave à sucre, multigerme ou monogerme, est une plante qui se distingue des autres, par une grande consommation en éléments minéraux notamment l’azote, le potassium et le phosphore. En effet, une récolte de betterave à sucre prélève par tonne de racines 4 à 4,5 kg d’azote, 1,5 à 2,5 kg de phosphore et 6 à 7 kg de potassium. Cependant, l’enfouissement des feuilles et des collets au sol restitue à ce dernier par tonne de racines récoltées 1,75 à 2,5 kg d’azote, 0,5 à 1,25 kg de phosphore et plus de 2,5 kg de potassium. Toutefois, les besoins de la betterave en éléments minéraux, dépendent du niveau de production escompté.

Fertilisation azotée : La dose d’azote optimale à recommander aux agriculteurs n’est pas la même pour tous les périmètres betteraviers. Ceci est Lié aux conditions pédodimatiques de chaque périmètre. Par ailleurs, la dose optimale d’azote dépend de la durée du cycle et du précédent cultural. Aussi, cet optimum dépend également de l’équilibre de l’azote avec d’autres éléments fertilisants notamment le potassium. La dose optimale d’azote à recommander est de 240 à 300 U/ha dans les Doukkala et Tadla, de 170 à 290 U/ha au Gharb et de 320 U/ha à la basse Moulouya.

La fertilisation potassique : Plusieurs travaux de recherche ont montré que le potassium affecte positivement le rendement racine et la qualité technologique de la betterave à sucre. Les exportations en potassium sont d’autant plus importantes que les rendements racines sont élevés. En effet, le rendement racine augmente avec l’addition du potassium, vu le rôle bénéfique de ce dernier dans la translocation des hydrates de carbone de la partie aérienne vers le pivot, et par la suite dans l’édification de la partie souterraine. C’est pour cette raison qu’à la récolte, la grande partie du potassium absorbée se trouve au niveau du pivot (2/3). Les exportations de la betterave peuvent atteindre 800 Kg de K20/ha.

La fertilisation phosphatée : La dose optimale de phosphore n’est pas la même pour tous les périmètres betteraviers. Ceci est lié à la différence de richesse du sol en cet élément. La dose recommandée est en moyenne de 83 U/ha, 100 U/ha, 120 U/ha et 160 U/ha respectivement au Doukkala, au Gharb, au Tadla et à la basse Moulouya.

Fertilisation boratée : Plusieurs oligo-éléments sont nécessaires pour le développement de la betterave à sucre. Cependant, le bore demeure l’élément le plus important pour cette culture. En effet, une carence en cet oligo-élément provoque l’apparition de la maladie dite « pourriture du coeur noir » de la betterave. Il en résulte par la suite un mauvais développement du bourgeon terminal puis sa destruction, ce qui engendre une réduction de la productivité, aussi bien quantitative que qualitative de la culture. Un apport préventif de 2 à 3 kg de bore par hectare ou une application foliaire à mi-saison peut éviter l’apparition d’une telle carence.

La casside : est le ravageur le plus rencontré dans toutes les régions.

IRRIGATION

Les études menées dans différents périmètres betteraviers montrent que pour un semis d’automne, la culture de betterave consomme 8 à 10 mm d’eau par tonne de racines récoltées. Autrement dit, une betterave évaporant 600 mm produira 60 Tonnes de racines, tandis que pour un cycle Long, pendant lequel la même culture consomme 800 mm conduira à une production de 80 tonnes. Cependant, la consommation maximale en eau d’une betterave ayant un cycle de 250 jours, s’étalant de fin Octobre à fin Juin s’élève à 880 mm en année climatique favorable.

L’irrigation totale d’une culture de betterave est très variable. En effet, plus on sème tardivement, plus le cycle végétatif s’étale dans les périodes sèches et plus les besoins en eau d’irrigation augmentent. Ce sont alors les semis tardifs qui sont les plus exposés au déficit hydrique. La dose d’irrigation totale dépend également de la date de récolte et de la répartition des pluies. Comme ordre de grandeur, on peut dire que la culture de betterave consomme 70 mm pour produire une tonne de sucre pour un semis de mi-Octobre contre 90 mm pour un semis de mi-Décembre.

La stratégie à adopter pour la conduite de l’irrigation de la betterave à sucre consiste à cibler les irrigations de complément aux précipitations sur les phases les plus sensibles de la culture:

Etablissement et pré-tubérisation

L’apport d’eau pendant cette phase vise non seulement à satisfaire la consommation en eau de la plantule, mais aussi à réhumecter le sol pour assurer une bonne levée. Une irrigation complémentaire aux pluies, appliquée juste après le semis, assure un bon démarrage de la culture et par conséquent un bon développement du peuplement.

Début de la tubérisation

Pour les semis précoces, cette phase coïncide avec la période pluvieuse (de Janvier à Mars) et il est donc rare d’avoir recours à l’irrigation, excepté pour les semis de Décembre qui nécessitent une irrigation en Mars.

Pleine tubérisation

Pendant cette phase, une bonne alimentation hydrique est à assurer étant donné que les racines sont en phase de grossissement intense.

Maturation

L’allongement de la période culturale sous irrigation entraîne certes une augmentation du rendement en poids des racines de la betterave à sucre. Cependant, il n’en est pas de même pour la teneur en sucre. En ce sens, l’expérience marque l’intérêt de suspendre les arrosages 15 à 20 jours avant la récolte de manière à favoriser la migration des sucres de la partie aérienne des betteraves vers la partie racinaire. Néanmoins, est déconseillé de suspendre les arrosages plus de 45 jours avant la récolte. En effet, si l’irrigation s’arrête trop tôt, non seulement le rendement en sucre diminue, mais aussi, la qualité des racines se détériore.

PROTECTION PHYTOSANITAIRE

Parmi les ravageurs de la betterave à sucre, on cite : la casside, les noctuelles, les limaces et les escargots.

La casside : est le ravageur le plus rencontré dans toutes les régions.
Lutte :

Le seuil de tolérance économique est de l’ordre de 3 adultes par pieds.

Lutte chimique : utilisation des organophosphorés et les pyréthrinoïdes d’une manière alternée.

Les noctuelles, limaces et escargots
Lutte :

La lutte chimique raisonnée.

Les principales maladies sont : la cercosporiose, pourriture molle, l’oïdium, la rouille, l’altenariose, la maladie du cœur, Tumeurs causées par Agrobacterium tumefasciens, tumeur marbrée, Sclerotium.

La lutte
La cercosporiose, pourriture molle, l’oïdium, la rouille, l’altenariose

Méthodes culturales préventives :

Utilisation des variétés résistantes qui permettent de maintenir la maladie à des niveaux économiquement acceptables même sous des conditions favorables à l’infection.
Les semis tardifs (après mi-novembre) réduisent les risques d’infection précoce de la culture par La cercosporiose.
Rotation, enfouissement des résidus de la betterave à sucre.

La lutte chimique : le recours à la lutte chimique est souvent nécessaire, lorsque la variété est sensible et les conditions sont favorables à l’infection et à la dissémination de l’agent pathogène.

La maladie du cœur
La lutte

Eviter de planter la betterave dans un sol à pH très élevé,

Eviter le stress hydrique,

Traiter avec des produits boratés dès le mois de février (en général 2 applications espacées de 15 à 20 jours sont conseillées).

Application du bore dans le sol avec les engrais de fond est déconseillée vu l’alcalinité des sols du Gharb qui inhibe l’absorption de cet élément par la plante.

Tumeur marbrée
La lutte

Un bon drainage et ressuyage du sol.

Sclerotium
La lutte

L’usinage rapide et en priorité des parcelles infectées permet de réduire la prolifération de la maladie en silos et éviter les pertes en sucre pouvant être engendrées par l’usinage des racines complètement ramollies.

RECOLTE ET CONSERVATION

La date de récolte de la betterave n’est pas définie par un stade de maturité physiologique, mais cette culture est plutôt récoltée quand sa production en sucre est optimale. La maturité de la betterave, qui se traduit par le jaunissement des feuilles, est difficile à apprécier avec précision. Aussi, la date de récolte de la betterave est bien plus déterminée par les exigences de travail, la possibilité de livraison à la sucrerie ou la libération du sol, que par la maturité physiologique.

Les travaux de recherches menés dans différents périmètres betteraviers marocains montrent que la phase de maturation de la betterave doit être la plus ensoleillée que possible et suffisamment longue, sans toutefois être exagérée. D’une manière générale, la teneur en sucre dans la racine suit une courbe en cloche: elle est trop faible en avril-début mai, acceptable en fin mai, bonne en juin, élevée en juillet, tandis qu’elle décroît en août. Par conséquent, le fait de retarder la récolte s’avère néfaste pour le rendement et surtout pour la qualité technologique de la betterave. En effet, les betteraves récoltées en août sont moins riches en sucre que celles arrachées en juillet, à cause des hautes températures estivales qui font chuter leur teneur en sucre.

Le poids des racines augmente considérablement jusqu’à la première quinzaine de juillet, se traduisant par un gain de rendement racine par jour de 0.4 T/ha. Par la suite, la diminution devient forte, surtout en août. Il en est de même pour la pureté du jus qui est satisfaisante à partir du mois d’avril jusqu’à la première quinzaine de juillet. D’une manière générale, si la récolte n’est pas faite à ce moment Là, la racine continue de respirer sans photosynthétiser et perd ainsi de son poids et de sa richesse en sucre, et ceci est d’autant plus accentué que la température est élevée.

Aussi, une fois récoltées, les racines de la betterave sucrière peuvent subir sous l’action du climat, généralement chaud à la période de la récolte, des transformations plus ou moins préjudiciables à leur aptitude technologique et à la production en sucre. Ainsi lorsque la durée de stockage des betteraves en plein champ augmente, elle se traduit par une chute de poids des racines et une détérioration assez remarquable de la qualité technologique.